Le sommet de l’Otan qui s’est tenu à Riga les 28 et 29 novembre a fait l’objet de plusieurs articles dans la presse française. Les journaux et hebdomadaires nationaux ont tous rendu compte, dans leur édition du 29 novembre, des conclusions de ce sommet, à savoir la priorité de l’Otan de contribuer à la paix et à la stabilité en Afghanistan. C’est d’ailleurs ainsi que titre Le nouvel Observateur l’article qu’il consacre à ce sujet, de même que Le Monde pour qui « l’Afghanistan s’impose à l’Otan comme une urgence ». Ce quotidien rappelle ainsi que les « 26 chefs d’État et de gouvernement de l’alliance atlantique ont conscience que l’avenir de leur organisation collective se joue en partie sur les contre forts de l’Hindou Kouch ». Ces mêmes chefs d’État y ont tous réaffirmé leur engagement militaire en Afghanistan, relèvent Le nouvel Observateur et Le Point.
Tous décrivent aussi la situation sur le terrain, qui ne cesse de se détériorer. Le Monde remarque ainsi que « l’Otan commence à perdre pied face à la guérilla des talibans et d’Al-Qaida », tandis que Libération parle directement « d’enlisement » des troupes de l’Alliance atlantique dans le pays. Le quotidien va même jusqu’à faire la comparaison avec l’armée soviétique dans les années 80.
Cependant, Le Figaro et La Croix insistent beaucoup plus sur les divergences de vue entre Paris et Washington quant au devenir de l’alliance. Ainsi, La Croix titre dans son édition du 29 novembre « les États-Unis veulent mondialiser l’Otan » tandis que Le Figaro annonce que « la perspective d’une Otan ‘‘mondiale’’ divise Paris et Washington ». La Croix rappelle que ce sommet « devrait donner du grain à moudre au président américain et à certains de ses alliés » qui souhaitent que l’Alliance atlantique s’intéresse à un nombre croissant de crises à travers le monde ; et obtenir de nouveaux partenariats avec l’Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande, la Corée du sud. Le quotidien catholique commente ainsi : « George W. Bush n’ayant pas abandonné son projet d’étendre la démocratie à travers le monde, les États-Unis comptent sur l’Alliance atlantique pour les épauler ». Et évoque les « réticences » de la France quant à ce projet, citant les propos de Jacques Chirac pour qui « les Nations unies doivent rester le seul forum politique à vocation universelle ».
Le Figaro est nettement plus incisif quand il relate cette divergence de vue, n’hésitant pas à parler de sujet « polémique » et « d’âpre bagarre entre Paris et Washington ». Le Nouvel Observateur parle lui de l’hostilité de Paris à ce projet. Le Figaro relève « qu’en coulisses, l’obstruction de la France a obligé les États-Unis à revoir leurs ambitions à la baisse ». « Ces partenariats ‘‘à la carte’’ que l’Otan veut lancer au cas par cas contrarient Paris » ajoute le quotidien. Il rapporte que Paris va jusqu’à « batailler pour chaque mot » dans la rédaction du communiqué final. Enfin, le Figaro, toujours lui, est le seul à rendre compte d’une « autre polémique » entre les deux grandes puissances : l’inclusion de l’Iran, un des membres de « l’axe du mal » cher à George W. Bush, dans le groupe de contact sur l’Afghanistan que l’Otan cherche à créer.
Mais le fait marquant de ce sommet pour les quotidiens et hebdomadaires nationaux a été le fameux anniversaire du président Chirac, et la polémique suscitée par la proposition du président russe Vladimir Poutine de l’inviter à dîner. Sous le titre « un anniversaire très diplomatique pour Chirac », Le Figaro souligne que Vladimir Poutine a renoncé à ce dîner suite aux protestations américaines. Et rappelle que le président russe est « un ami bien encombrant pour le président français ». Chaque journal y va de son explication quant à la raison de l’annulation de ce dîner. Pour le Figaro, « c’est le président américain [qui] serait intervenu pour contrecarrer ce projet », le pouvoir russe étant « dans l’œil du cyclone après l’assassinat de la journaliste Anna Politovskaïa et l’empoisonnement à Londres de l’ex-agent russe Alexandre Litvinenko ». L’Express souligne la « première diplomatique » qu’aurait représenté ce dîner, aucun président russe en exercice n’étant allé à Riga depuis l’indépendance en 1991 de cette république balte ex-soviétique. L’hebdomadaire donne la raison invoquée par l’Élysée, selon laquelle ce dîner n’a pu avoir lieu « pour des raisons pratiques et logistiques ». Le Monde avance quant à lui que les Américains ont cherché « à minimiser l’affaire, indiquant qu’un dîner d’anniversaire ne concernait en rien les enjeux du sommet de l’Otan ». Il ajoute que « l’annulation de cette rencontre a été décidée par le Kremlin parce que Vladimir Poutine refusait d’introduire une forte dimension bilatérale russo-lettonne à sa visite » et relaye la conviction des officiels lettons pour qui le président russe voulait simplement « faire un coup d’éclat, en manipulant les médias ».
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