Elle n’y croit plus depuis longtemps au Père Noël, Éliane. Et pourtant, ce 24 décembre, c’est bien le Père Noël qui frappe à sa porte. Un Père Noël sous les traits de Frédérique, qui a répondu à l’appel des petits frères des Pauvres pour porter un colis aux personnes seules en ce jour de Noël.
Éliane fait entrer Frédérique dans son deux pièces situé au troisième étage d’un immeuble du quartier Montmartre à Paris. Dans la pièce, une planche sur deux tréteaux de bois. Dessus, de petits objets réalisés grâce à une pâte spéciale et peints à la main. Ils ressemblent à des galets. Sur les murs blancs de son appartement sont affichés quelques dessins d’enfants qu’elles gardent. Une évocation dont elle parle avec joie et sourire.
Éliane ne correspond pas tout à fait aux personnes auprès desquelles interviennent les petits frères des Pauvres. Elle est plus jeune, a une quarantaine d’années, de longs cheveux châtains clairs, des yeux noisette. Elle se met à raconter quelques bribes de sa vie, pudiquement. Elle est peintre, a suivi des études aux Beaux-Arts, puis a vécu de sa peinture et d’enseignement. Elle vendait ses tableaux. Aujourd’hui, sa situation est difficile, mais elle essaie de s’en sortir. En situation de surendettement, elle n’a pas de travail, et est menacée d’expulsion dès la fin de la trêve hivernale.
Mais Éliane ne comprend pas, elle ne connaît pas les petits frères des Pauvres. L’été dernier, elle a fait appel au Secours catholique qui lui a apporté une aide alimentaire quotidienne. Elle a aussi fait appel au service social de la ville. Mais jamais au petit frère des Pauvres.
Éliane ouvre alors le colis et découvre un vrai repas de Noël : un bloc de foie gras, un flan de courgettes aux herbes fraîches, une boîte contenant du boudin blanc au porto, une demi-bouteille de vin, une demi-bouteille de champagne, des chocolats, une bûche, du pain, et une jonquille. « C’est une bonne surprise, je ne m’y attendais pas », déclare Éliane. « Je vous remercie beaucoup ».
En arrivant dans son appartement, elle ne savait pas quoi faire, alors elle a eu l’idée de créer ces objets, faisant appel à ses talents de peintre. Il ne sont pas finis, il lui manque du matériel, notamment pour en faire des broches. Des bagues, aussi, qu’elle espère bien pouvoir vendre. Sur des marchés de Noël par exemple. Elle y a pensé, mais l’emplacement est encore trop cher pour elle. Elle espère pouvoir y arriver l’an prochain. Et que sa situation se sera améliorée d’ici là. En attendant, elle se débat dans ses tracas quotidiens. Mais garde confiance. « Tant qu’on vit, il y a toujours de l’espoir », lâche-t-elle dans un sourire.
Éliane offre une de ses créations à Frédérique. La magie de Noël opère. Redonne espoir et joie à Éliane. Pour lui dire que des personnes pensent à elle.
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