« Dossier n°10, Madame Dina L. », appelle la greffière.
Madame Dina L. avance, aux côtés de son avocat, un grand homme rond, au crâne dégarni. Il semble bien imposant à côté de cette femme frêle et élégante. Tout de noir vêtue, elle porte un joli chemisier blanc à jabot, des bottes, une jupe et un long manteau noirs. Le 6 octobre 2006, elle a été arrêtée au volant de sa voiture alors qu’elle était sous l’emprise d’alcool, avec un taux de 0.98 mg par litre d’alcool dans le sang. C’est un voiturier, sur les pieds desquels elle a roulé, qui a prévenu la police.
Nous sommes le mardi 28 novembre, madame Dina L. est le deuxième cas jugé ce matin-là dans la 23e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris.
Elle reconnaît bien avoir bu quelques verres de rosé. Deux coupes de champagne aussi. Mais elle pouvait rentrer chez elle, « il n’y avait pas de danger », déclare-t-elle à la barre. Et puis elle n’était pas loin de son domicile. Elle ne semble pas réaliser. La présidente tente la pédagogie : « Alors, pourquoi il est interdit de rouler avec 0.98 mg par litre ? ». « Mais je n’avais pas le choix », répète-t-elle.
La présidente : « Si on résume, qu’est-ce que vous pensez de votre comportement ? » Silence de l’accusé. La présidente : « C’est très grave, et vous ne semblez pas mesurer la gravité de votre acte ». « Je roulais à 30 km/h, je n’avais pas le choix. Je n’ai jamais eu d’excès de vitesse en 25 ans ». « C’est pour conduite sous emprise de l’alcool que vous êtes ici, pas pour excès de vitesse », rétorque la présidente.
Elle lui rappelle qu’elle est en situation de récidive : en janvier 2003, elle a été condamnée pour des faits identiques par le tribunal correctionnel de Paris. Elle avait écopé de dix mois de prison avec sursis et une amende. « Avez-vous le droit de nous mettre en danger ? », demande la présidente. Puis se fait menaçante : « si nous avons la chance de vous avoir une troisième fois parmi nous, ce sera la prison, si ce n’est pas la morgue ou l’hôpital. Ce ne sont pas des menaces en l’air ».
La parole est au procureur. Lui aussi fait de la pédagogie, car l’accusée semble bien fragile : « La prochaine fois, madame, et compte tenu de votre passé, vous risquez de toucher le fond. Réagissez, sinon vous risquez la mise à l’écart, et l’enfermement entre quatre murs ».
Le tribunal a déclaré Me Dina L. coupable des faits qui lui sont reprochés. Elle est condamnée à cinq mois de prison avec sursis, une mise à l’épreuve de deux ans, une obligation de soins, et à l’annulation de son permis de conduire pour un délai de dix mois.
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