« Franche victoire », « victoire éclatante », « incontestable » ou encore « confortable victoire », c’est en ces termes que les quotidiens nationaux saluent la réélection de Luis Inacio Da Silva à la présidence du Brésil le 29 octobre (ces titres sont respectivement ceux de La Croix, Le Monde, Le Figaro et Le Parisien).
Dans leurs éditions du mardi 31 octobre, tous les grands quotidiens nationaux donnent le résultat obtenu par Lula pour sa seconde élection : 60.83 % des suffrages, soit 58.23 millions de voix, soulignant qu’entre les deux tours, il a gagné 12 millions de voix sur son adversaire, Geraldo Alckmin.
Hormis La Croix, qui rappelle plutôt la personnalité du vainqueur, « ancien cireur de chaussures devenu ouvrier métallurgiste, puis dirigeant syndical », tous évoquent le bilan de son premier mandat, qui lui a « permis de prendre l’avantage et de le conserver », selon Le Parisien. Ainsi, Lula et son gouvernement ont réussi à lutter contre l’inflation, qui devrait se stabiliser à moins de 3 %, à augmenter le salaire minimum, à étendre les programmes d’aide sociale, et à instaurer une bourse famille qui bénéficie à près de 50 millions de personnes pour un pays qui en compte 187. Tous ces « atouts pour son second mandat » comme le titre Le Figaro font « qu’il n’a plus rien à prouver aux marchés financiers ». « Son gouvernement a dégagé des excédents historiques, les réserves sont au plus haut, Brasilia a remboursé toutes ses dettes au Fonds monétaire international », ce qui fait qu’il « jouit d’une légitimité » incontestée.
Cependant, Le Parisien souligne que « le second mandat du syndicaliste risque d’être plus difficile ». « Lula ne fera pas la révolution » selon Le Figaro, et « les lulistes sont sans illusions ».
C’est Libération qui développe le plus cet argument. Sur deux pages consacrées à cette réélection et à ses enjeux, Libération rappelle que le défi du second mandat de Lula est la croissance. « Le président brésilien va devoir articuler reprise économique et poursuite de la lutte contre la pauvreté ». Et, se distinguant de ses confrères, c’est un bilan en demi-teinte que dresse le quotidien : la croissance, avec 3 % à peine prévu cette année, est l’une des plus faibles d’Amérique latine ; la baisse du taux d’intérêt, qui a permis de « dompter l’inflation » reste un des plus élevés au monde , « décourageant l’investissement et alourdissant le service de la dette ». « La misère a reculé de 14.8 % entre 2003 et 2005, mais elle frappe encore 43 millions de Brésiliens (22.7 % de la population). La bourse famille est un succès, mais il faut maintenant donner à ses bénéficiaires accès à d’autres politiques sociales à plus long terme, comme l’éducation ». Même si la pauvreté et l’inflation sont en net recul depuis que Lula est au pouvoir, et bien qu’il ait créé plus d’emplois en quatre ans que son prédécesseur en huit ans, « les disparités dans l’éducation entre riches et pauvres sont la principale cause des inégalités sociales ».
Malgré donc sa confortable réélection, « une solide majorité à la Chambre et une bonne marge de manœuvre », Le Figaro conclut en soulignant la faiblesse de son parti, qui n’a ni direction, ni projet.
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